(credit : Jean-Louis Falbierski)

Saint-Nazaire a récemment marqué le 82ème anniversaire de l’opération Chariot, une mission audacieuse mais sanglante menée par la Royal Navy en 1942. Cette opération avait pour objectif de neutraliser la forme-écluse Joubert, afin qu’elle ne puisse pas servir de cale sèche aux cuirassés allemands déployés en Atlantique.

Au cours de l’hiver 1941/1942, en pleine bataille de l’Atlantique, les Alliés craignaient une incursion à l’ouest du cuirassé Tirpitz, le plus puissant bâtiment de combat de la flotte allemande. Ce navire, qui surpassait tout ce que les Britanniques et les Américains avaient à leur disposition, était alors stationné en Norvège.

Malgré le repli de l’escadre brestoise de la Kriegsmarine, le premier ministre britannique de l’époque avait estimé nécessaire de mettre hors service la forme Joubert. Cette infrastructure, construite pour le lancement du liner Normandie en 1932, était la seule de la façade atlantique capable de recevoir en cale sèche et de réparer un bâtiment de la taille du Tirpitz.

C’est dans ce contexte que l’opération Chariot a été lancée sur l’estuaire de la Loire. Le 26 mars 1942, une flottille de la Royal Navy a quitté Falmouth. Accompagné par une quinzaine de vedettes, le HMS Campbeltown, un ancien destroyer américain de 95 mètres et un peu plus de 1200 tonnes, légèrement modifié pour ressembler à un torpilleur allemand, a mis le cap sur Saint-Nazaire pour une action de nuit.

Le bâtiment, à l’avant duquel 24 grenades anti-sous-marines avaient été entreposées, a été jeté le 28 mars, vers 1H30 du matin, sur la porte extérieure de la forme Joubert. Pendant ce temps, les commandos britanniques s’infiltrent sur le port avec différents objectifs, semant la confusion parmi les défenseurs.

Le HMS Campbeltown a fini par exploser vers midi, provoquant la mort de nombreux Allemands venus l’inspecter, mais aussi des civils qui s’étaient approchés par curiosité. L’avant du destroyer a été détruit, de même que la porte de la forme. L’opération, très audacieuse, a été un succès, puisque l’ouvrage est resté indisponible durant toute la guerre et n’a été réparé qu’en 1948.

Cette commémoration annuelle à Saint-Nazaire est un rappel poignant de l’audace et du sacrifice de ceux qui ont participé à l’opération Chariot. Elle souligne également l’importance stratégique de la forme-écluse Joubert pendant la Seconde Guerre mondiale et la détermination des Alliés à empêcher son utilisation par les forces allemandes.

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